Au moment où la pandémie fut déclarée la France se relevait à peine de deux crises successives dont celle causée par une réforme du système des retraites de même que celle du mouvement des « Gilets Jaunes », qui pour sa part avait duré plus d’un an, entraînant de lourdes pertes économiques pour l'Etat et le pays tout entier.
C'est donc avec des comptes publics déjà durement secoués que le gouvernement doit maintenant relever les défis économiques et sociaux de « l’après Covid » .
La crise Covid-19 et le confinement de plus de la moitié de la planète nous fait réfléchir sur l’après pandémie.
Beaucoup de choses pourraient changer. Le concept de souveraineté économique sera sans doute repensé. Beaucoup de pays dont la France auront comme priorité celle de ré-localiser la production de biens essentiels tels que le matériel médical et les molécules servant à la fabrication de certains médicaments.
On parle aussi de conclure des ententes avec des entreprises locales qui intégreraient la production de matériel sanitaire essentiel à leur capacité industrielle en échange de concessions fiscales.
Dans les prochaines années de nombreux Etats joueront un rôle plus important dans leur économie après avoir dû nationaliser des industries stratégiques dans les secteurs du transport aérien, de l’automobile, de l’aéronautique ou de la construction navale.
Les revenus de plusieurs Etats européens dont la France seront largement consacrés durant les prochains mois à payer les salaires de millions de travailleurs (à ce jour au delà de 7 millions de salariés en France travaillant dans plus de 600,000 entreprises) pour éviter les faillites et permettre une relance plus rapide de l’économie à la sortie de la crise.
Ceci aura un impact certain sur les réformes prévues en France et affaiblira sa capacité de renforcer les services publics qui déjà avant la crise manquaient de ressources surtout dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
Augmenter les impôts des contribuables pour pallier au déficit ne sera pas une option pour la France, un pays qui se relève d’un long conflit social ( crise des « gilets jaunes ») et de nombreuses grèves dont celle des transports publics.
Il reste à souhaiter qu’un accord entre les pays membres de l'Union Européenne permettra à la Banque Centrale Européenne de combler le manque de ressources nationales par l’émission d’Eurobonds.
L’imposition des « GAFA » basée sur les revenus de ces plateformes numériques dans chaque pays deviendra un incontournable. La France avait commencé à le faire timidement. Une action consolidée et ferme en ce sens à l’échelle de l’Europe sera essentielle.
Le paiement de dividendes aux actionnaires et de bonus faramineux aux CEOs de grandes sociétés sera dorénavant fortement remis en question.
Le traitement des travailleurs indépendants tels que ceux des plateformes numériques « Deliveroo » et « Uber » qui n’ont pas de protection sociale sera aussi remis en question et de nouvelles lois devront être adoptées.
Les gagnants et les perdants:
Plusieurs secteurs de l’économie, surtout dans les services devront se transformer et certains devront même se réinventer.
Le numérique sortira gagnant. Avec le confinement, les commandes en ligne, le télétravail, les téléconférences, la télé éducation, le « tracking » sont des secteurs d’activité dont le développement prendra beaucoup d’expansion. En s’équipant d’outils performants plusieurs entreprises choisiront de maximiser le recours au télétravail et aux téléconférences afin de réduire leurs coûts opérationnels ( loyer, déplacements routiers et aériens des salariés) . Les universités feront également un usage plus large de la vidéoconférence une fois que des outils informatiques appropriés auront été perfectionnés. Ceci permettra de donner accès à un plus grand nombre d'étudiants et aussi à réduire la taille des classes.
Les studios de télévisions auront aussi découvert que la vidéoconférence contribue à réduire les coûts.
La télé consultation médicale, largement pratiquée durant la crise Covid-19 pourrait s’étendre et venir désengorger les cliniques des villes et améliorer l’accès aux soins de santé dans les régions.
L’industrie touristique sera la grande perdante.
Le tourisme de masse sera lourdement et durablement affecté. Ceci engendrera de lourdes pertes dans des pays comme la France, l’Italie, l’Espagne ou la Grèce.
Certains transporteurs aériens « low cost » pourraient disparaître alors que les grandes compagnies dont les marges étaient déjà faibles devront recevoir des garanties étatiques pour sécuriser leurs emprunts. Certaines grandes sociétés comme Air France seront nationalisées partiellement ou entièrement.
Les croisiéristes devront se réinventer car les séquelles laissées par la crise du coronavirus seront lourdes.
Les voyageurs en général préféreront rester dans leur pays de résidence au moins quelques années.
L’afflux massif de touristes chinois en Europe reste improbable pour cet été. Leur mobilité pour les années à venir dépendra de la santé économique de la Chine et du pouvoir d'achat des chinois.
L’industrie hôtelière et celle de la restauration dans les pays fortement touristiques seront grandement affectées.
Au niveau géopolitique il reste à espérer que cette crise servira à renforcer la solidarité européenne et permettra d’envisager de mettre en commun les ressources nécessaires pour bâtir des capacités régionales au niveau des industries de la santé, de la biotechnologie, de l’agroalimentaire et autres secteurs stratégiques.
Il s’agit d’un défi de taille sachant que les mouvements nationalistes, populistes et euro-sceptiques continuent de gagner du terrain auprès de l’électorat de plusieurs pays. L’avenir économique jusqu'à maintenant incertain du Royaume-Uni « post-Brexit » et « post Covid-19 » aura une influence sur la volonté des pays de l'UE d'unir leurs efforts en vue de renforcer leurs structures et leurs politiques communes afin d'être mieux préparés face à d'autres possibles crises.
La France était bien mal préparée pour cette épidémie de coronavirus. Son système de santé a subi des coupures importantes depuis plusieurs années. Le gouvernement qui s'est vite retrouvé avec une pénurie de masques pour le personnel soignant des hôpitaux et des cliniques et celui des maisons de retraite de même que les policiers a dû en commander un milliard de la Chine. Les premières cargaisons arrivent cette semaine. L'Etat français est également incapable de faire du dépistage sauf pour les cas les plus avancés, faute de tests. Chez son voisin allemand qui suit le modèle sud-coréen dans cette crise, des tests à grande échelle ont été pratiqués dès le début de l'épidémie à la fin janvier. A la différence de la France, l’Allemagne fabriquait déjà des tests de dépistage. Entre 300,000 et 500,000 dépistages sont fait en Allemagne chaque semaine alors que la France n'a la capacité d'en faire que 10,000. L'Allemagne avait déjà à la mi-mars 25,000 lits de réanimation contre 5,000 en France.
Tous ceux qui séjournent à Paris s'entendent pour dire qu'il s'agit probablement de la plus belle ville au monde. On ne se lasse jamais de ce qu'elle offre au niveau historique, architectural, culturel et intellectuel.