GESTION DU CORONAVIRUS EN FRANCE: UN MODELE A NE PAS SUIVRE Par Geneviève des Rivières (Article)

 

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Geneviève des Rivières

La France était bien mal préparée pour cette épidémie de coronavirus. Son système de santé a subi des coupures importantes depuis plusieurs années. Le gouvernement qui s'est vite retrouvé avec une pénurie de masques pour le personnel soignant des hôpitaux et des cliniques et celui des maisons de retraite de même que les policiers a dû en commander un milliard de la Chine. Les premières cargaisons arrivent cette semaine. L'Etat français est également incapable de faire du dépistage sauf pour les cas les plus avancés, faute de tests. Chez son voisin allemand qui suit le modèle sud-coréen dans cette crise, des tests à grande échelle ont été pratiqués dès le début de l'épidémie à la fin janvier. A la différence de la France, l’Allemagne fabriquait déjà des tests de dépistage. Entre 300,000 et 500,000 dépistages sont fait en Allemagne chaque semaine alors que la France n'a la capacité d'en faire que 10,000. L'Allemagne avait déjà à la mi-mars 25,000 lits de réanimation contre 5,000 en France.

Un grand nombre de malades de l'Est de la France sévèrement atteints par le virus ont du être transférés depuis une semaine en Allemagne, faute d'équipements en réanimation. Curieusement, la dépense pour la santé en Allemagne n'est pas supérieure à celle de la France...S'agirait-il d'une question d'organisation et/ou de lourdeur administrative en France? On le saura peut-être un jour après la crise.

En date du 31 mars 2020, la France comptait plus 3000 décès reliés au Covid-19 alors que l'Allemagne n'en avait que 583.

Cette catastrophe que vit la France fut précédée peu de temps avant par une longue grève des transports publics (métro, train) qui s'est terminée à la mi-février. Le pays a aussi connu en 2019 une année horrible de paralysie et de violence liées à la crise des "Gilets Jaunes" qui occupaient systématiquement les centre-ville et ronds-points de la France métropolitaine et rurale, forçant chaque week-end la fermeture des commerces de proximité et détruisant au passage avec les "Black Blocks" l’ameublement urbain, des banques et restaurants, des stations de péages et des radars, semant le chaos et causant de lourdes pertes économiques au pays.

La France pourra-t-elle se relever facilement de ces crises successives qui l’affligent depuis bientôt deux ans et qui furent précédées il ne faut pas l'oublier par les terribles attentats terroristes de 2015, 2016 et 2017?

Le pays accumule déjà une dette frôlant 100% de son PIB, l'une des plus élevées de la zone euro.

Depuis trois dernières semaines le soutien du gouvernement français à l’économie est devenu massif. On prévoit que 45 milliards d'euros seront dépensés sur deux mois pour minimiser le nombre de faillites et l'explosion du chômage qui est déjà l'un des plus élevés en Europe.

Qui voudrait vraiment gouverner ce beau pays devenu dysfonctionnel et dont la situation actuelle fait penser à une tragédie grecque?

L’angoisse des citoyens se fait sentir et la confiance dans la gestion de cette nouvelle crise est en chute libre. Les français ne savent pas si leur système de santé tiendra le coup.

La France, qui occupe la 7 ème position au niveau de son PIB et dont le système de santé public était reconnu mondialement comme l'un des meilleurs pourrait éventuellement connaître faute d'équipements sanitaires de base le même sort que l’Italie ou l’Espagne avec un nombre démesurément élevé de décès reliés au coronavirus. Nous n'en sommes heureusement pas encore là .

On parle beaucoup de « leçons apprises » et du besoin de faire le "bilan" après la crise....

Qu’en sera-t-il ? La CGT, le syndicat le plus féroce parle déjà de faire une nouvelle grève en avril, avant même que le "peak" de l'épidémie ne soit atteint... Il ne faut pas oublier que la grève est un droit constitutionnel inaliénable en France et de toute évidence les grèves qui ne cessent de se succéder nous démontrent que ce droit continue de l'emporter sur le bien-être collectif.

À la sortie de cette crise, la France sera encore plus endettée. Selon l'OCDE, ses dépenses sociales publiques (santé, retraites, chômage, allocations familiales) représentaient 31,2 % de son PIB en 2018, loin devant l'Italie (27,9%) , l'Allemagne (25,1%), l'Espagne (23,7%), le Royaume-Uni (20,6%) et le Canada (17,3%).

Une des priorités du gouvernement après la crise sera celle de rémunérer adéquatement le personnel soignant dont les infirmières sont parmi le plus mal payées d'Europe.

Difficile pour les français d’être optimistes sur leur avenir et celui de leurs enfants ou petits enfants.

Dans l’immédiat, au quotidien le confinement est presque généralisé et ceci pour une troisième semaine.

Les citoyens sortent de leur immeuble munis d’une déclaration signée indiquant le motif et l’heure de leur déplacement qui doit se limiter à 1 km du lieu de résidence. Les contrôles sur le non-respect du confinement sont fréquents et les amendes sont élevées (200 euros) . Les gens qui se déplacent pour travailler doivent être munis d’une lettre de leur employeur attestant qu’ils ne peuvent faire du télétravail.

Ceux qui se déplacent encore sont pour la plupart ceux qui gagnent le moins tout en étant les moins protégés.

Depuis le confinement, Paris avec sa population de 12 millions est d’une tranquillité désarmante. Environ 17 % de la population, en l'occurrence les plus aisés, se serait réfugiée en province avant le début du confinement pour fuir le manque d’espace en ville.

Une fois cette crise inédite terminée, il reste à souhaiter qu'à l'échelle de la France, de l'Europe et des Amériques une " réinvention« des modèles de prévention dont la relocalisation des chaînes d'approvisionnement permettra de mieux affronter les épidémies à venir.
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